L’énergie nutritive, celle qui permet la vie, résulte de la transformation et de l’assimilation d’éléments en accord avec l’organisme. La diététique est la première médecine, le fondement essentiel de l’équilibre. Elle est préventive et curative, car elle apporte les éléments qui activent les processus de guérison, qui permettent le fonctionnement optimum de tous les métabolismes. L’encrassement et la surcharge des fonctions digestive, d’assimilation et d’épuration fragilisent les délicats mécanismes régulateurs de l’homéostasie.

Une solution : les céréales germées. Pourquoi ?

Effet de la germination

La germination est le processus naturel par lequel le germe contenu dans une graine se développe pour donner naissance à une plante, à un nouvel individu végétal.
D’après le Dr Tallarico, lors de ce processus on peut noter deux séries de phénomène : simplification de matériaux et réveil de principes vitaux.

èSimplification

– l’amidon est formé de molécules complexes, qui se transforment en sucres solubles plus facilement mobilisables (maltose et dextrine) prêts à donner leur énergie à l’organisme.
– les protéines de gluten, elles aussi à lourde architecture chimique, à la suite de l’action protéolytique des ferments ou enzymes se transforment en des composés plus simples, solubles et diffusibles, mieux adaptés à la formation des tissus organiques. Parallèlement on observe une augmentation des acides aminés disponibles.
La libération des acides aminés a un double avantage : d’une part ils sont immédiatement utilisables par les micro-organismes de l’appareil digestif, ce qui va limiter la dépense d’énergie nécessaire à la fabrication de protéines digestives ; d’autre part ils sont utiles à la fixation des vitamines, qui deviennent ainsi directement assimilables pour l’animal ;
– les sels « plastiques », notamment de potassium, phosphore et magnésium, paraissent acquérir une organisation moléculaire plus active et plus apte à leur utilisation par l’organisme.

èRéveils biologiques

Il n’est pas toujours possible de définir d’une façon scientifique l’énergie vitale qui est à la base de tout phénomène organique, puisque les instruments dont dispose la techno-science (du moins ceux auxquels elle accorde crédit) ne sont pas aptes à déceler cette énergie (il serait intéressant d’essayer la radiesthésie, la bioélectronique de L.C. Vincent ou l’effet Kirlian).

On peut cependant retenir les éléments suivants :
– les principes enzymatiques, essentiels dans tous les processus vitaux, s’activent en passant de l’état de pro-enzymes à l’état d’enzymes. Ils agissent ainsi sur la digestion des éléments nutritifs de l’aliment, qu’ils rendent assimilables par l’animal.
– les vitamines augmentent de manière significative au cours de la germination : 50% pour les vitamines B1, B2, 100% pour la pyridoxine (B6), les biotines (H), la nicotinamine (PP) et l’acide pantothénique. L’acide ascorbique (vitamine C), qui intervient entre autre dans les défenses de l’organisme, passe d’une teneur inférieure à 10mg/Kg de grain avant germination à une teneur double lorsque la gemme atteint 14mm de long. Les vitamines E, antioxydantes, augmentent également.

Analyse d’orge sur matière sèche (après déshydratation)
En % Orge grain Orge germée
Matière minérale 2.39 3.25
Matière cellulosique brute 5.50 12.80
Matière protéique brute 12.12 14.80
Matière lipidique 2.65 4.32

En résumé, on pourrait dire que la germination transforme en énergie active (et assimilable) l’énergie potentielle contenue dans le grain. Un grain « inerte » ne donnera t-il pas une nouvelle plante à son tour capable de produire une centaine de nouveaux individus ?! Aussi, si la composition quantitative n’explique pas entièrement l’effet qualitatif des céréales germées, l’observable empiriquement sur les animaux en dit long.

Observation sur les animaux

Amélioration de l’état de santé générale, notamment par effet de drainage toxinique et de stimulation organique
Amélioration du comportement : diminution de l’excitabilité, augmentation du tonus
Pelage et corne plus robustes et plus abondants
Augmentation sensible de la production laitièreAmélioration de virilité et fertilité, allongement de la durée de procréation…

Avantages pour l’éleveur

Economie de 30% à 50% sur un programme d’alimentation courant
Réduction notoire des frais vétérinaires
Fourrage frais disponible toute l’année.

Comment faire germer ?

Le principe est simple, mais implique certaines attentions à ne pas négliger si l’on veut éviter l’échec ou parfois de gros problèmes :
La semence doit être dense, propre et entière, ne pas s’être échauffée au stockage et ne pas être trop vieille (perte de 70% du pouvoir de germination). Les meilleurs résultats sont obtenus avec une semence biologique stockée en milieu aérée, et ayant bénéficié d’un repos de 2 à 3 mois après récolte.

Pratique à suivre :
1 : faire tremper la quantité de grain nécessaire à l’alimentation de votre ou vos chevaux, de 12 à 24 heures selon la température extérieure, la dureté et la grosseur du grain.
IMPORTANT : aucune fermentation ne doit apparaître. Plus il fait chaud, plus le temps de trempage est court. Le grain doit rester recouvert d’eau après absorption de la quantité nécessaire à son gonflement. Sauf origine biologique garantie, laver le grain avant trempage (produits parasiticides) ;
2 : égoutter le grain assurez vous qu’il soit suffisamment étalé pour un contact optimal avec l’air et l’écoulement de l’eau.
IMPORTANT : le grain doit rester relativement humide. S’il fait sec arroser une à deux fois par jour. Conserver à une température autour de 18-20°C. L’odeur doit rester agréable.

Le grain est consommable dès le premier jour d’égouttage, jusque 4-5 jours. L’idéal étant d’avoir fini le grain germé avant qu’il ne devienne vert et donc trop riche en azote.
Le procédé est simple, et après un éventuel temps de « rodage » au cours duquel il est possible de rencontrer quelques petits problèmes formateurs, cette pratique ne prend au grand maximum que 5 à 10 minutes/jour.

Quelles céréales germées ?

La germination tend à atténuer les différences, et donc les réserves émises concernant les grains secs. Toutefois nous considérons toujours l’orge comme la céréale la mieux adaptée au contexte actuel de l’élevage et de l’utilisation des chevaux sous nos latitudes.
le blé doit être banni, y compris les hybrides (tritical) : il est très allergisant, donc générateur de micro-inflammations persistantes (réaction inflammatoire ralentissant la cicatrisation, aphtes, production de mucus au niveau de la sphère ORL, …). Selon l’INRA le blé « serait sans doute le grain idéal en raison d’une valeur énergétique presque aussi élevée que celle du maïs (1.26 UFC/Kg M.S.) et une valeur azotée voisine de celle de l’avoine (103 MAD/Kg M.S.), mais il a la réputation d’être échauffant et de provoquer des coliques, des fourbures et de la myoglobinurie ».
le maïs a la plus forte valeur énergétique (1.32 UFC/Kg M.S.), mais c’est un grain très dur qui doit être concassé. Il n’a aucun intérêt particulier, sinon de rendre les chevaux obèses pour certains concours de « beauté ». Il peut toutefois être introduit en petite quantité dans les rations hivernales, pour obliger le cheval à mâcher correctement.
l’avoine est la céréale la plus couramment utilisée pour le cheval au travail, sans que des raisons autres que l’histoire et les habitudes ne justifient ce choix. Sa valeur énergétique (1 UFC/Kg M.S.) est inférieure à celle des autres céréales mais sa teneur en matière azotée est la plus élevée et c’est la mieux équilibrée en acides gras. Mais elle est excitante et particulièrement déminéralisante.
l’orge apparaît comme la céréale la plus équilibrée. C’est une céréale « froide » qu’il est possible de compléter avec l’avoine chez les chevaux vraiment « mous », une fois éliminées les autres causes possibles de lymphatisme.
Sa valeur énergétique est variable car elle correspond soit à l’escourgeon (orges d’hiver à 6 rangs) plus riche en cellulose brute et moins énergétique, soit à des orges d’hiver à 2 rangs ou de printemps pauvres en cellulose brute et de valeur énergétique plus élevée.

Les céréales germées peuvent être distribuées toute l’année, mais on peut procéder par cures ou varier les mélanges selon les périodes et le travail : surmenage, allaitement, été, hiver,… Se souvenir que toutes transition alimentaire doit être très progressive !

Enfin, pour ce qui est de la qualité, il est préférable d’orienter son choix vers des céréales dont la production a nécessité le moins de produits de traitement chimique. Pour l’environnement comme pour l’organisme, les pesticides, les engrais ainsi que les sélections génétiques trop poussées peuvent être la source de graves problèmes tant sur la biodiversité des écosystèmes que sur la santé en général. S’orienter vers une agriculture plus saine (taille des champs et méthodes de production) et favoriser les échanges locaux redynamise un fonctionnement en cohérence avec ce que le cheval peut nous enseigner : une symbiose avec notre environnement.
Laissons donc germer ce qu’il y a de meilleur en nous !

Marie Hélène FISCHBACH, Jérémie ANCELET